Un des événements majeurs de l’Echo est la création d’une œuvre éphémère sur la colline du château de Vilnius par l’artiste français Saype, mondialement connu pour ses fresques gigantesques en milieu naturel.
Saype
Saype est un artiste français qui réalise des fresques monumentales sur herbe et sur le sol. Il a créé sa propre peinture éco-responsable composée principalement de craie et de charbon de bois. Il est reconnu comme le pionnier d’un mouvement artistique liant street art et land art. Sa démarche et sa technique innovante lui ont valu d’être nommé par le magazine Forbes, parmi les 30 personnes de moins de 30 ans les plus influentes dans le domaine de l’art et de la culture. Ses œuvres poétiques et éphémères voyagent à travers le monde pour sensibiliser les gens au respect de la nature.
Comme il le dit lui-même : « Nos vies et nos actions sont destinées à devenir des traces de notre passage dans ce monde, à nous de savoir quoi en faire ».
Une peinture qui respecte l’environnement
Créée par l’artiste et son équipe, la peinture est 100% biodégradable et fabriquée à partir de matériaux naturels. Dans sa démarche, l’artiste souhaite minimiser son impact sur l’environnement. La fresque s’estompe au fur et à mesure que l’herbe pousse avant de disparaître complètement et naturellement.
« Beyond walls », un projet global
Ce projet monumental lancé par Saype part d’un constat : le monde est polarisé. Pourtant, comme il le répète : « Je suis profondément convaincu que ce n’est qu’ensemble que l’humanité pourra répondre aux plus grands défis qu’elle aura à relever ». De cette conviction est née l’envie de partager un message positif d’entraide et d’effort commun à travers le monde en créant symboliquement la plus grande chaîne humaine jamais réalisée dans le monde.
Ainsi, ce projet titanesque commencé en 2019 au pied de la Tour Eiffel et baptisé « Beyond Walls » relie actuellement 19 villes dont Genève, Cape Town, Tokyo, Istanbul. Après les Pyramides du Caire à l’été 2024, Vilnius sera la 21ème ville de cette chaine humaine symbolique, 5 ans après Paris.
Ainsi à Vilnius, cette œuvre représentant deux mains entrelacées symbolisera bien entendu l’amitié franco-lituanienne mais au-delà, l’idée de fraternité et d’unicité entre les peuples. Saype cherche à travers le monde à unir les gens en créant symboliquement la plus grande chaine humaine au monde.
Ce projet titanesque commencé en 2019 au pied de la Tour Eiffel et baptisé Beyond Walls relie actuellement 20 villes dont Genève, Cape Town, Tokyo, Istanbul. Après les Pyramides du Caire à l’été 2024, Vilnius sera la 21ème ville de cette chaine humaine symbolique, 5 ans après Paris.
A Vilnius, l’œuvre aura une symbolique particulière, elle sera aussi un écho lointain mais inspirant de ces millions de personnes qui s’étaient spontanément données la main lors de la Voie balte entre Vilnius et Tallinn en 1991.
« Lorsque j’ai découvert dans le château de Vilnius cette chaine humaine, que j’ai vu les photos, cela a été une révélation, comme si Vilnius m’attendait ».
L’œuvre de Saype sur la colline de Gediminas, symbole de la Lituanie, aura une dimension émotionnelle particulière, un message de paix, de tolérance, un message pour fédérer, pour imaginer ensemble un futur meilleur, où les valeurs universelles de l’humanité s’imbriquent avec les valeurs de respect de la nature. Car comme le dit Saype lui-même : « L’avenir ne peut s’imaginer que tous réunis ensemble pour une solution globale »
Une empreinte dans la mémoire, mais pas dans la nature
Après une première mission exploratoire de l’artiste en Lituanie en 2023 pour vérifier l’aspect environnemental et les conditions de sécurité dues à la fragilité de la colline, il est décidé de réaliser une œuvre gigantesque et éphémère sur une partie de la colline du château de Vilnius avec l’appui, le soutien et l’expertise de la Mairie de Vilnius et du Musée national de Lituanie. Extraits d’interviews avec Saype :
Quels matériaux utilisez-vous ?
« J’ai inventé ma propre peinture. Totalement biodégradable, elle a nécessité beaucoup de recherche, car l’herbe est un support très particulier. Par souci écologique, je n’utilise que du noir et du blanc. Pour faire simple, c’est de l’eau, de la craie et du charbon. J’ai fait contrôler ces produits et analyser le sol, avant et après certaines interventions. ».
Etes-vous un artiste engagé pour la cause écologique ?
« Une fois de plus je pense qu’on se doit de faire attention à la terre. Il y a toujours un paradoxe dans ce débat-là parce que quand on vit, on laisse une trace et on a un impact. La question en fait, c’est de savoir comment on interagit avec cet impact. Moi je prends l’avion pour venir à Vilnius, donc j’ai un impact écologique. Par contre ce que je peux faire, c’est d’essayer de le minimiser au maximum. Je crois qu’il serait intéressant si tout le monde, main dans la main, allait dans cette optique-là. »
N’est-ce pas frustrant de voir vos œuvres disparaître si vite ?
« Je suis friand de littérature bouddhiste, et l’un de ses piliers est l’impermanence. Chercher à immortaliser un état ou une situation apporte nécessairement de la souffrance, car tout est voué à évoluer, nous échapper… Tout est éphémère, même les choses les plus belles… Je cherche aussi à frapper les esprits sans marquer la nature. Même quand il n’en reste rien, la fresque reste en mémoire. Il s’agit de laisser une empreinte atemporelle, sans détériorer notre environnement. »
