De la Sibérie à pied – l’histoire choquante de la répression du diplomate français dans “Compromis”.
Le 28 octobre, le thriller à suspense “Compromis” sortira dans les salles de cinéma. Basé sur des faits réels, le film raconte l’histoire d’un diplomate français accusé à tort qui, pour éviter des années d’emprisonnement en Sibérie, décide de fuir en France en traversant secrètement à pied les frontières de la Baltique. Outre les rôles principaux interprétés par la star de Cold War Joanna Kulig et l’acteur français Gilles Lellouche, nous verrons une foule d’acteurs lituaniens, dont Marius Repšys, Vaidotas Martinaitis, Algirdas Latėnas et bien d’autres.
L’histoire vraie qui a inspiré le film
Inspiré d’une histoire vraie, le film Kompromat du réalisateur français Jérôme Salle nous entraîne dans les profondeurs de la Sibérie, où le Service fédéral de sécurité (FSB), capable de manipuler le destin des gens, montre sa cruauté absolue. La mise en scène très convaincante du film nous oblige à nous plonger dans les machinations de l'”extermination des ennemis de l’État” du FSB, dont est victime le diplomate français Metju (Gilles Lellouche).
“Une chose dont je me suis rendu compte lorsque je me préparais à faire ce film, c’est que le “kompromat” est un moyen classique de se débarrasser des personnes indésirables, et c’est la manière dont de nombreux problèmes sont résolus dans ce pays, et dont de nombreux innocents sont blessés. Avec la guerre en Ukraine aujourd’hui, ce film montrera le visage impitoyable du pays agresseur qui a provoqué la guerre”, déclare le réalisateur Jérôme Salle.
Le personnage de Metju, créé par la star du cinéma français Gilles Lellouche, appartient en fait à Joan Barbereau, dont l’histoire incroyable a inspiré le réalisateur du film. Ce fonctionnaire français est arrêté par des agents du FSB dans l’intérieur de la Sibérie, à Irkoutsk, en 2015, devant sa fille de cinq ans. Accusé à tort de pornographie infantile et d’abus sexuel, il se rend compte qu’un “kompromat” a été utilisé contre lui, mais il n’y a aucun espoir de le résoudre diplomatiquement. Il subit 71 jours de torture surnaturelle dans une cellule d’interrogatoire, puis est admis dans un hôpital psychiatrique, puis est assigné à résidence jusqu’à la décision finale du tribunal : 15 ans dans une prison de haute sécurité. Joan Barbereau parvient à s’échapper. Le combat d’un homme pour prouver son innocence et retrouver sa liberté commence.
“Mon voyage vers la France a duré 14 mois. Pendant cette période, je vivais dans un monde complètement différent, dans une réalité différente. Ma vie était constamment en danger pendant le voyage. Parfois, je perdais la notion du temps, l’épuisement et la fatigue prenaient le dessus. Pour ne pas trahir les personnes qui m’ont aidé, je ne peux pas dire exactement où j’étais, mais j’étais dans des endroits où, lorsque vous passez une frontière, ils tirent et lâchent des chiens pour vous casser le bras”, raconte Joan Barbereau.
De la Sibérie aux pays baltes à pied
Selon le diplomate, la décision de fuir après avoir appris qu’il risquait une peine de 15 ans de prison n’a pas été facile à prendre et a nécessité un travail minutieux. “J’ai passé beaucoup de temps à préparer mon évasion, en étudiant des cartes satellites pendant des heures, en faisant des réserves de nourriture, en ayant des complices, et la moindre erreur de ma part aurait pu entraîner ma mort. Les personnes qui m’ont aidée sont encore en danger aujourd’hui et je ne peux pas révéler leur identité”, déclare Joan Barbereau.
Selon le fugitif, sa première évasion a consisté en un voyage de plus de 5 000 kilomètres d’Irkoutsk à Moscou, et la seconde un peu plus tard, alors que Barbereau se cachait dans l’ambassade de France à Moscou. “J’ai traversé des forêts, pataugé dans des marécages, rencontré des animaux sauvages, franchi les frontières de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, puis j’ai gagné la France. Lorsque je pensais que j’allais mourir, je récitais dans ma tête les poèmes de mon poète préféré, dont les mots me donnaient de la force”, raconte M. Barbereau, qui a dû changer d’identité et d’apparence au fil de sa course.
Lacunes diplomatiques
L’histoire de M. Barbereau montre qu’il existe des failles dans les institutions gouvernementales influentes qui peuvent avoir un impact profond sur le destin des gens. “Cette affaire a mis en lumière les lacunes et l’incompétence flagrante des autorités françaises. Nos autorités n’ont aucune idée de la manière de parler aux Russes, et il semble parfois impossible de leur parler”, souligne M. Barbereau.
En 2020, M. Barbereau a saisi la justice. Le tribunal a condamné l’État français à payer une amende de plus de 300 000 euros pour n’avoir pas protégé l’un de ses fonctionnaires. En juillet 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Russie pour ne pas avoir permis à M. Barbereau de faire appel du jugement.