La représentation française en Lituanie est installée dans un vaste complexe immobilier situé dans le centre historique de Vilnius, à l’angle des rues Švarco et Didžioji, à la lisière nord-est de l’ancien quartier juif, au sud du quartier de l’université de Vilnius.
Disposés autour d’une cour oblongue, trois corps de bâtiments qui remontent au XVIe-XIXe siècles composent cet ensemble. La mieux connue historiquement est la grande demeure à trois niveaux dont l’entrée donne sur la rue Didžioji. Elle abrite aujourd’hui l’Institut français de Lituanie (anciennement Centre culturel français). C’est elle qui a donné son nom à l’ensemble, appelé Maison Frank ou Stendhal.
Les données les plus anciennes concernant l’ensemble immobilier remontent au milieu du XVIe siècle mais il faut attendre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle pour que le complexe acquière son contour définitif.
Ce bâtiment reste attaché pour les Vilnois au souvenir de deux médecins d’origine germano-suisse : Johann Peter Frank et son fils Joseph, qui avaient été invités à Vilnius au début du XIXe siècle pour créer au sein de l’Université une chaire de médecine.
Les Frank occupèrent dans cette maison l’appartement du deuxième étage (actuellement la médiathèque de l’Institut) de 1804 à 1823. Très fréquenté par l’intelligentsia de l’époque, l’appartement des Frank était l’un des hauts lieux de la vie vilnoise.
Homme de grande culture, Joseph Frank rédigea en français un volumineux journal. Il y exprime notamment son dépit de voir son logement réquisitionné par les services de la Grande Armée, qui s’y installèrent en 1812, durant les opérations liées à la campagne de Russie.
C’est à cette époque, lors de la retraite de Russie, que l’officier Henri Beyle, plus tard connu sous le nom de Stendhal, fit étape dans cette maison les 6 et 7 décembre 1812.
En souvenir de ce bref séjour, les Français appellent ce lieu « Maison Stendhal ».
A cette époque, le rez-de-chaussée de la maison abritait la librairie Fryderyk Moritz (l’installation aujourd’hui de la librairie française précisément dans cette partie de l’Institut français de Lituanie ne fait donc que renouer avec une vieille tradition…) tandis qu’à l’autre extrémité de l’ensemble, dans la cour du côté de la rue Švarco, fonctionnait l’atelier de gravure d’Isidore Weiss, premier professeur de dessin de l’Université de Vilnius.
Parmi les autres professeurs de cette université qui ont vécu au 1, rue Didžioji, on signalera, de 1811 à 1832 le sculpteur Kazimieras Jelskis et, de 1823 à 1838, le philosophe et médecin Andrius (Jędrzej) Sniadecki.
Le complexe architectural connut une nouvelle campagne de restauration en 1824. C’est alors que sa façade reçut son aspect actuel.
L’inauguration officielle de l’Ambassade eut lieu le 7 mars 1992 et les travaux de rénovation commencèrent en 1993. La Chancellerie diplomatique française fut transférée dans ses nouveaux locaux en janvier 1995. L’Institut français de Lituanie (anciennement Centre culturel français de Vilnius) s’est à son tour installé au numéro 1 de la rue Didžioji à la fin de l’année 1998.
D’après l’étude de Patrick Donabédian, Docteur en histoire de l’art et ancien Directeur du Centre culturel français.